Clin d’oeil aux fourrières animales et automobiles

Un peu plaisantin, un peu sérieux

Nous sommes la fourrière des vélos. Sans rapport avec la fourrière des voitures ou la fourrière des chiens ! Ou peut-être que oui ? Car le vélo ne serait-il pas un genre de véhicule errant, susceptible de s’aventuer en-dehors des chemins battus ? Et ne serait-il pas de la même famille (au sens très très large du terme) que les chiens et les autos ?

Clin d’oeil aux fouriéristes et à Fourier

Assez sérieux

Entre nous, nous nous disons les fourriéristes, terme inconnu des dictionnaires. Mais prétexte d’un clin d’oeil aux fouriéristes, adeptes des théories de Charles Fourier, philosophe français de la première moitié du 19e siècle.

Définition du Fouriérisme :

Plutôt que de chercher à modeler les individus pour qu’ils s’adaptent à la forme existante de la vie économique, politique et sociale, but traditionnel de l’éducation et de ce qui est appelé le processus de socialisation, Charles Fourier veut modifier les formes de la vie économique, politique et sociale pour les adapter aux passions inhérentes des individus.

Pour que les hommes vivent heureux, avec des occupations correspondant à leurs tendances, à leurs passions, il imagine la création de groupements harmonieux, appelés phalanstères, conglommérats de bâtiments communautaires pouvant héberger 400 familles et de nombreuses salles communes, des couloirs chauffés, des ateliers collectifs, de grandes cours intérieures …

Les phalanstères prônent notamment

l’égalité de traitement entre sexes et entre âges,

la « gastrosophie » (culture générale de la gastronomie et du plaisir),

la rencontre et l’accord affectueux entre individus,

la libération des femmes grâces aux crèches et cuisines communautaires

l’émancipation des enfants,

les occupations choisies selon les affinités personnelles,

l’agriculture esthétique dans une campagne bigarrée et entrelacée (concept de l’ordre engrené)

les intrigues amoureuses suscitées par des bandes itinérantes de vagabonds et vagabondes

les produits définis par leur potentiel d’harmonisation, et non leur pure valeur marchande

Dans la réalité, peu de phalanstères furent effectivement réalisés. On notera toutefois les deux expériences communautaires de l’industriel Godin (des fourneaux Godin) : le familistère de Guine et le phalanstère de Bruxelles, tous deux ironiquement fermés en 1968.

Quelques livres de Charles Fourier :

Sur les charlataneries commerciales

Le nouveau monde amoureux

Traité de l’association domestique-agricole

Théorie de l’unité universelle

Mnémonique géographique

Le Nouveau monde industriel et sociétaire

La fausse industrie morcelée répugnante et mensongère

De l’anarchie industrielle et scientifique

Hiérarchie du cocuage

L’Ordre subversif

Le Charme composé

Vers une enfance majeure

Des harmonies polygames en amour

Clin d’oeil historique aux fourrières et au fourrage

Un peu plaisantin, un peu sérieux

Etymologie

Le mot fourrière viendrait de l’ancien français foriere (« écurie ») et du patois du Berry (fourrière = râtelier d’étable où l’on met le fourrage).

Anciennes définitions

La fourrière désignait aussi :

Un dépôt dans l’arrière-cour d’une grande maison, avec réserve de bois et de charbon.

Un office qui fournissait le bois de chauffage pour la maison du roi.

Un grenier ou bâtiment attenant à une ferme, avec réserve de fourrage pour le bétail.

Définitions et expressions du 19e siècle

La fourrière désigne tout d’abord la saisie d’une bête errant sur des terres où elle avait commis un dommage. On enferme alors l’animal dans une étable jusqu’à ce que son propriétaire ait payé les dégâts.

La fourrière a défini ensuite le lieu où sont enfermés les animaux abandonnés ou errants, auquel on donne du fourrage, dont le prix était ensuite réclamé au propriétaire.

Ensuite sont venus les chiens errants, sans propriétaire. Et les fourrières ont souvent été localisées à côté des abattoirs car les canidés, le plus souvent, sont rapidement condamnés.

Par métaphore, l’expression En fourrière signifie de côté, en attente.

Les jours de fête, l’ouvrier laissait les soucis en fourrière (Hugo, Châtiments)

Cette première lettre est sans doute encore en fourrière quelque part (Mérimée, Lettres E. Ellice).

Définitions modernes

a.Lieu où la police conduit, par mesure de saisie administrative ou judiciaire, les véhicules encombrant la voie publique ou en stationnement interdit, jusqu’au payement des dommages, amendes, émoluments, etc.

b.Zone linéaire en limite de champ qui sert au demi-tour de tracteur et qui, de fait, est travaillée perpendiculairement au reste du champ.

Petites histoires de fourrières

Une fourrière secrète pendant 60 ans. La fourrière souterraine de Naples, condamnée pendant la Seconde Guerre mondiale et redécouverte 60 ans après.

Le mortifère gaz d’éclairage. Au début du 20e siècle, les chiens de la fourrière, étaient tués par le gaz d’éclairage.

Les valets de fourrière. Telle est honteuse Et marmiteuse, Qui, de nuit, par l’huis de derriere, Ne sera pas trop vergogneuse De suivre compagnie honteuse à quelque valet de fourriere, Blason des fausses amours.

La fourrière des voitures à cheval. Malheureusement peu de souvenirs de la fourrière parisienne des voitures à cheval de la préfecture de police.

La Rolls Royce à la fourrière. Le footballeur français Paul Pogba a déboursé 6500 euros pour récupérer sa Rolls,, immobilisée pendant 9 mois à la fourrière de Manchester

Le village La Fourrière. Un village de nulle part, un monde organique fait de pluie et de graisse, de terre et d’os, peuplé de parents ivres morts dans des voitures déglinguées, d’ogres et d’animaux errants. Dans le roman de Léonard Billet, L‘Eté des charognes.

La vache en fourrière et les gens en prison. Sur ces entrefaites, un gendarme arriva ; en quelques mots on lui conta notre affaire, et comme elle ne lui parut pas nette, il déclara qu’il allait mettre notre vache en fourrière et nous en prison. Extrait du roman d’Hector Malot « Sans famille »

Les garçons de fourrière. Ils alimentaient sans relâche les monumentales cheminées de Versailles.

Bêtes échappées. A la fourrière échouent aussi les bêtes échappées des abattoirs.

Le panier à salade de la fourrière. Le bruit de vieille ferraille, produit par le passage de la voiture aux chiens ou autrement dit du panier à salade de la fourrière.

La fourrière à éléphant. Taxe de fourrière à Vientiane (1922) par tête et par jour : éléphant 0.00, buffle 0.40, volaille 0.05, pousse-pousse 0.25, charrette à boeuf 0.07.

Vélos et parapluies. L’homme libre, journal du matin (Paris 1932) : plusieurs magasins sont remplis à pleins bords de bicyclettes. Celles-ci sont à la fourrière ce que les parapluies sont au bureau des objets trouvés. C’est une invasion de petites reines abandonnées ou fuyardes, maintenant serrrées les unes contre les autres, par la panique. Elles tendent en vain leur guidon. Les bicyclettes pleurent toutes leurs larmes de leur corps ascétique.

Ma p’tit ouvrière à la fourrière. Mon coeur la réclame j’suis un homm’ foutu, j’lai cherché partout mêm’à la fourrière, ainsi qu’au bureau des objets trouvés, mais j’n’ai pas r’trouvé ma p’tit ouvrière. Roman de 1913. Je gémis l’ouvrière.

Manezingues, fourrière et violons de Paris. La notoriété de Soifarport, dit Automêdon, chez les manezinges, à la fourrière et dans bon nombre de violons de Paris et de la banlieue. Fin du 19e s.

Les hottes des forts. Les hottes entreposées à la fourrière de Paris : les hottes des forts de la halle, hottes formidables faisant rêver des épaules herculéennes.